Pouvoir militaire birman et Russie, un partenariat à toute épreuve ?
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Naypyidaw et Moscou se préparent à signer un protocole d’accord sur l’envoi de travailleurs migrants birmans en Russie. Un premier groupe partira dès 2025 pour palier en partie la pénurie de main d’œuvre dans l’agriculture ou l’industrie manufacturière russe. Avec plusieurs centaines de milliers de soldats déployés sur le front ukrainien, la Russie est confrontée à une grave pénurie de main d’œuvre. Éclairages.
On estime le manque de travailleurs en Russie à près de 5 millions. Tous les secteurs sont touchés, en particulier l’agriculture, l’élevage, la construction ou le secteur industriel. Cette pénurie s’explique aussi par le durcissement de l’octroi de visas aux travailleurs en provenance d’Asie centrale, mesure adoptée après une attaque terroriste en mars dernier dans une salle de concert dans la périphérie de Moscou. L’attentat avait été commis par un commando tadjik.
Selon les médias birmans en exil, ce premier contingent de travailleurs devra apprendre le russe. Et sur les 600 agences de recrutements, seuls deux, proches de la junte, auraient obtenu une licence pour travailler avec la Russie
Un accord gagnant-gagnant, qui profite aussi au régime militaire birman
Depuis le coup d’État en 2021, le pays est ravagé par la guerre civile. En raison des sanctions occidentales, la junte est à court de devises.
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C’est justement grâce à ces travailleurs migrants, il y en aurait jusqu’à 5 millions, rien qu’en Thaïlande, que les généraux renflouent en partie leurs caisses. Comment ? en obligeant ses expatriés à transférer au moins 25 % de leurs revenus via le système bancaire birman. En cas de refus, leurs passeports ne sont pas renouvelés. Ce qui pousse de nombreux Birmans à entrer dans la clandestinité. Ces devises sont ensuite utilisées par la junte pour acheter des armes et du kérosène. Pour le gouvernement birman en exil, cette surfacturation des travailleurs migrants permet à la junte de financer ses crimes de guerre.
Des liens très forts entre la junte militaire et le Kremlin
Un exemple illustre parfaitement ce partenariat à toute épreuve : l’absence totale de couverture par les médias sous contrôle de la junte de la chute de Bachar el-Assad. Pas un mot, sur cet événement qui a pourtant fait la Une dans le monde entier. Ce silence illustre l’embarras des militaires pour leur allié russe, proche du régime syrien déchu et qui ont préféré consacrer leur couverture à d’autres sujets, comme la reconnaissance par l’Unesco de la fête du printemps chinois.
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C’est un fait, la Russie soutient sans réserve le régime militaire birman. Elle est son principal fournisseur d’armes devant la Chine. Depuis le putsch, les Russes se sont clairement rangés du côté de la junte et du général Min Aung Hlaing en fournissant au régime plusieurs centaines de millions d’euros de matériel militaire, comme des hélicoptères de combat, des chasseurs, des blindés, de l’artillerie et d’autres équipements. Des techniciens militaires russes assistent également l’armée de l’air birmane à entretenir ses avions de chasse, ces mêmes avions qui bombardent les civils.
Après l’effondrement du régime Assad en Syrie, de nombreux Birmans caressent l’espoir d’un retournement de situation, d’un abandon de soutien à la junte par la Russie, un vœu pieux, en tout cas pour l’instant.
Et même si la Russie décidait de lâcher la dictature militaire, la Chine restera un allié inconditionnel, tant ses intérêts stratégiques en Birmanie sont importants.
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