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Drame de N’Zérékoré en Guinée: «On est tout à fait attentifs à se dire qu'il y a eu trop de morts» dit Bah Oury

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En Guinée Conakry, c’est la première interview d’une autorité depuis la bousculade meurtrière qui a fait au moins 56 morts dimanche dernier à Nzérékoré. Ce matin, le Premier ministre Bah Oury s’exprime sur RFI. Il n’exclut pas un bilan plus lourd que les 56 morts annoncés officiellement. Et il annonce que, désormais, le nom du président de la transition, Mamadi Doumbouya, ne sera plus associé à une manifestation sportive, quelle qu’elle soit. Le Premier ministre Bah Oury, qui rentre de Nzérékoré et qui vient de présider un comité de crise à Conakry, répond en exclusivité aux questions de Christophe Boisbouvier.

RFI : Vous rentrez de Nzérékoré, qu'est-ce qui s'est passé pour qu'on en arrive à cette bousculade meurtrière ?

Bah Oury : Vous savez, on ne peut pas dire exactement les circonstances qui ont amené à cela, mais il y a eu un arbitrage qui n'était pas du tout adéquat, qui a amené des frustrations et des colères. Et c'était un début d'un engrenage tragique. Et en plus dans un stade qui n'est pas aux normes, qui n'a qu'une seule ouverture. Et ça a tourné à cette tragédie macabre que nous déplorons.

Est-ce que vous confirmez que l'un des deux ministres présents au match a voulu annuler la décision de l'arbitre sur ce carton rouge ?

Bon, dans le contexte actuel, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a mis en place une commission d'enquête qui passera en revue tous les aspects du match pour situer les responsabilités.

Je crois qu'il y avait deux ministres, c'est ça ? Dans les gradins ?

C'est vrai, il y avait deux ministres, celui de l'Agriculture et celui des Sports.

Est-ce que ces deux ministres ont été empêchés de quitter les lieux ? Et est-ce la raison pour laquelle les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes sur les supporteurs ?

Je ne pense pas, mais les enquêtes nous permettront de nous édifier sur tout cela.

Mais pourquoi les forces de sécurité ont-elles tiré des gaz lacrymogènes sur les supporteurs dans un endroit fermé ? C'est très dangereux…

Vous savez, c'est tout à fait vrai ce que vous dites. Mais la bêtise humaine, la fatalité, parfois l'incompétence dans une ambiance de surexcitation et aussi d'impréparation… La mal gouvernance, elle est globale. C'est la raison pour laquelle le comité de crise qui a été institué s'est retrouvé tout à l'heure et il a été indiqué, premièrement, de ne plus utiliser, sauf accord formel, le nom et l'image du président de la République dans l'organisation de quelques activités sportives, quelles qu’elles soient. Deuxièmement, que toute manifestation, qu'elle soit festive ou autre, doit être dument encadrée. Et le dernier point, la commission d'enquête est totalement responsable et en toute indépendance pour mener les enquêtes aujourd'hui.

Et si des responsabilités sont établies au niveau des autorités de Nzérékoré ou au niveau des autorités nationales, est-ce que ces personnes responsables seront traduites en justice ?

Bien entendu, puisque l'intérêt de la commission d'enquête, c'est d'avoir la vérité sur cette affaire.

Alors la vérité, c'est d'abord le bilan des victimes. Quel est le bilan des morts ?

Bon, c'est vrai qu'il y a eu des personnes qui ont été amenées dans les hôpitaux et selon les sources hospitalières, il y a 56 morts, nous sommes à ce niveau-là. Toutefois, il faut que des enquêtes nous permettent de savoir : est-ce qu'il y a eu des personnes blessées ou mortes qui ont été soustraites du circuit des hôpitaux et qui pourraient se retrouver parmi le lot des victimes ? Quoi qu'il en soit, le gouvernement guinéen, à tous les niveaux, est soucieux d'avoir une idée claire de l'arithmétique des personnes qui sont décédées. Nulle intention de sous-estimer ou de surévaluer le nombre de morts.

Le Collectif des organisations de défense des droits humains de la région de Nzérékoré a estimé le bilan à 135 morts. C'est un bilan qui vous paraît crédible ?

Je pense qu'il est trop tôt pour se prononcer. Mais quoi qu'il en soit, on est tout à fait attentif à se dire qu'il y a eu trop de morts.

Alors le match de dimanche dernier, c'était la finale d'un tournoi de football doté du trophée Mamadi Doumbouya, du nom du président de la transition. Est-ce que vous ne craignez pas que le drame de dimanche dernier ne casse la dynamique dont essayait de bénéficier le président de la transition ?

C'est la raison pour laquelle, tout à l'heure, au niveau du comité de crise, il a été interdit de manière formelle d'utiliser le nom et l'image du président de la République dans le cadre d'activités qui n'auraient pas eu une autorisation formelle des services de la présidence.

Et si, par exemple, il avait l'intention de se porter candidat [à la prochaine présidentielle], ça ne le fera pas changer d'avis ?

Je pense que les deux sujets sont totalement différents. Il n'y a pas de lien de causalité entre la situation tragique qui s'est passée dimanche dernier à Nzérékoré et la façon du président de la République de penser sa mission et sa charge vis-à-vis du peuple de Guinée.

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RFI : Vous rentrez de Nzérékoré, qu'est-ce qui s'est passé pour qu'on en arrive à cette bousculade meurtrière ?

Bah Oury : Vous savez, on ne peut pas dire exactement les circonstances qui ont amené à cela, mais il y a eu un arbitrage qui n'était pas du tout adéquat, qui a amené des frustrations et des colères. Et c'était un début d'un engrenage tragique. Et en plus dans un stade qui n'est pas aux normes, qui n'a qu'une seule ouverture. Et ça a tourné à cette tragédie macabre que nous déplorons.

Est-ce que vous confirmez que l'un des deux ministres présents au match a voulu annuler la décision de l'arbitre sur ce carton rouge ?

Bon, dans le contexte actuel, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a mis en place une commission d'enquête qui passera en revue tous les aspects du match pour situer les responsabilités.

Je crois qu'il y avait deux ministres, c'est ça ? Dans les gradins ?

C'est vrai, il y avait deux ministres, celui de l'Agriculture et celui des Sports.

Est-ce que ces deux ministres ont été empêchés de quitter les lieux ? Et est-ce la raison pour laquelle les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes sur les supporteurs ?

Je ne pense pas, mais les enquêtes nous permettront de nous édifier sur tout cela.

Mais pourquoi les forces de sécurité ont-elles tiré des gaz lacrymogènes sur les supporteurs dans un endroit fermé ? C'est très dangereux…

Vous savez, c'est tout à fait vrai ce que vous dites. Mais la bêtise humaine, la fatalité, parfois l'incompétence dans une ambiance de surexcitation et aussi d'impréparation… La mal gouvernance, elle est globale. C'est la raison pour laquelle le comité de crise qui a été institué s'est retrouvé tout à l'heure et il a été indiqué, premièrement, de ne plus utiliser, sauf accord formel, le nom et l'image du président de la République dans l'organisation de quelques activités sportives, quelles qu’elles soient. Deuxièmement, que toute manifestation, qu'elle soit festive ou autre, doit être dument encadrée. Et le dernier point, la commission d'enquête est totalement responsable et en toute indépendance pour mener les enquêtes aujourd'hui.

Et si des responsabilités sont établies au niveau des autorités de Nzérékoré ou au niveau des autorités nationales, est-ce que ces personnes responsables seront traduites en justice ?

Bien entendu, puisque l'intérêt de la commission d'enquête, c'est d'avoir la vérité sur cette affaire.

Alors la vérité, c'est d'abord le bilan des victimes. Quel est le bilan des morts ?

Bon, c'est vrai qu'il y a eu des personnes qui ont été amenées dans les hôpitaux et selon les sources hospitalières, il y a 56 morts, nous sommes à ce niveau-là. Toutefois, il faut que des enquêtes nous permettent de savoir : est-ce qu'il y a eu des personnes blessées ou mortes qui ont été soustraites du circuit des hôpitaux et qui pourraient se retrouver parmi le lot des victimes ? Quoi qu'il en soit, le gouvernement guinéen, à tous les niveaux, est soucieux d'avoir une idée claire de l'arithmétique des personnes qui sont décédées. Nulle intention de sous-estimer ou de surévaluer le nombre de morts.

Le Collectif des organisations de défense des droits humains de la région de Nzérékoré a estimé le bilan à 135 morts. C'est un bilan qui vous paraît crédible ?

Je pense qu'il est trop tôt pour se prononcer. Mais quoi qu'il en soit, on est tout à fait attentif à se dire qu'il y a eu trop de morts.

Alors le match de dimanche dernier, c'était la finale d'un tournoi de football doté du trophée Mamadi Doumbouya, du nom du président de la transition. Est-ce que vous ne craignez pas que le drame de dimanche dernier ne casse la dynamique dont essayait de bénéficier le président de la transition ?

C'est la raison pour laquelle, tout à l'heure, au niveau du comité de crise, il a été interdit de manière formelle d'utiliser le nom et l'image du président de la République dans le cadre d'activités qui n'auraient pas eu une autorisation formelle des services de la présidence.

Et si, par exemple, il avait l'intention de se porter candidat [à la prochaine présidentielle], ça ne le fera pas changer d'avis ?

Je pense que les deux sujets sont totalement différents. Il n'y a pas de lien de causalité entre la situation tragique qui s'est passée dimanche dernier à Nzérékoré et la façon du président de la République de penser sa mission et sa charge vis-à-vis du peuple de Guinée.

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